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mercredi 2 décembre 2020

sombres et vieux papiers

olivier mon frère pour ses peintures utilise de vieux couvre-lits, des morceaux de tissu, des bouts de tapisserie, fleurs, rose passé, enfance, toile à matelas
en réalité des lézardes et des mémoires surtout quand il les utilise pour ses tableaux de brest détruite en ruine écroulée branlante bombardée
en lambeaux

les photos m'évoquent ça mon frère brest la guerre la récup les fleurs des tissus et des champs la mémoire et ses trous


mais encore

les formes d'animaux et tutti quanti que je voyais émerger de la pierre autour de moi dans le cagibi-chambre de l'enfance d'été

comme si je m'endormais dans une grotte et les animaux de la pierre si je les regardais, je n'en aurais plus crainte


mais encore

vos sombres et vieux papiers

ouvrent vers des lumières-espaces, des transparences dont on ne sait si elles sont d'eaux, de buée, de vapeur, d'air et de gaz-e ou de mémoire

ébréchée

en réalité les mémoires sont de porcelaine, délicates, désuètes, décorées, fragiles, décolorées

cassées

mais par là les brèches on peut voir s'échapper rêver gazouiller derrière les rideaux comme si on marchait entre les phrases du Grand Meaulnes

il y a les paysages défilés à travers les vitres des trains, les cartes géographiques et les images de typhon les murs infranchissables enjambés des escapades, écoles et vies buissonnières, la pauvreté le délabrement les pièces et chambres closes et tristes et taudis, derrière le rêve ou avant le rêve ou malgré le rêve

il y a des chinoiseries du japonisme, aquarelles, traits de bambou, un oiseau s'envolerait du papier de riz, des couleurs impromptues, revoilà Olivier et ses dessins de plantes et d'animaux

il y a des fleuves languissants un fleuve Le Fleuve la Loire sur laquelle Chaumont se penche

histoire lambeaux mémoire échappée


2013 – pour Bernard Bruges-Renard

https://bruges-renard.myportfolio.com/b-petites-traversees-des-apparences

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