olivier
mon frère pour ses peintures utilise de vieux couvre-lits, des
morceaux de tissu, des bouts de tapisserie, fleurs, rose passé,
enfance, toile à matelas
en réalité des lézardes et des
mémoires surtout quand il les utilise pour ses tableaux de brest
détruite en ruine écroulée branlante bombardée
en lambeaux
les photos m'évoquent ça mon frère brest la guerre la récup les fleurs des tissus et des champs la mémoire et ses trous
mais encore
les formes d'animaux et tutti quanti que je voyais émerger de la pierre autour de moi dans le cagibi-chambre de l'enfance d'été
comme si je m'endormais dans une grotte et les animaux de la pierre si je les regardais, je n'en aurais plus crainte
mais encore
vos sombres et vieux papiers
ouvrent vers des lumières-espaces, des transparences dont on ne sait si elles sont d'eaux, de buée, de vapeur, d'air et de gaz-e ou de mémoire
ébréchée
en réalité les mémoires sont de porcelaine, délicates, désuètes, décorées, fragiles, décolorées
cassées
mais par là les brèches on peut voir s'échapper rêver gazouiller derrière les rideaux comme si on marchait entre les phrases du Grand Meaulnes
il y a les paysages défilés à travers les vitres des trains, les cartes géographiques et les images de typhon les murs infranchissables enjambés des escapades, écoles et vies buissonnières, la pauvreté le délabrement les pièces et chambres closes et tristes et taudis, derrière le rêve ou avant le rêve ou malgré le rêve
il y a des chinoiseries du japonisme, aquarelles, traits de bambou, un oiseau s'envolerait du papier de riz, des couleurs impromptues, revoilà Olivier et ses dessins de plantes et d'animaux
il y a des fleuves languissants un fleuve Le Fleuve la Loire sur laquelle Chaumont se penche
histoire lambeaux mémoire échappée
2013 – pour Bernard Bruges-Renard
https://bruges-renard.myportfolio.com/b-petites-traversees-des-apparences
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